
Bonjour les amateurs de l'époque.... Un article intéressant ? Sujet de visite lors de vacances ? 73 de Raymond F-15873 40-44. Les voix bretonnes de Radio Londres 6 juillet 2014/ Erwan Chartier-Le Floch / Ce cliché, pris le 24 juin 1944, montre un officier de liaison en mission.. Archives du Musée de la Résistance Bretonne de Saint-Marcel L'information a joué un rôle essentiel durant la Seconde Guerre mondiale, avec l'utilisation de moyens massifs de propagande ou de contre-propagande et le recours aux nouveaux médias de l'époque : le cinéma et la radio. Plusieurs Bretons ont participé à cette guerre médiatique sur les ondes de la BBC, à travers les émissions de Radio Londres. Commençant par le fameux « Pom, pom, pom, pom », le générique des émissions « Les Français parlent aux Français » fait partie des éléments les plus familiers de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Il est vrai que la radio a joué un rôle majeur dans le conflit et c'est d'ailleurs ce média qu'utilise le général de Gaulle pour diffuser son fameux appel du 18 juin 1940 et avec lequel les Français libres vont quotidiennement communiquer. Une guerre des ondes Inventée au siècle précédent, la radio ne prend son essor que dans les années 1920, avec la création des premières émissions régulières, puis le lancement de chaînes, très souvent sous contrôle des États. Les régimes totalitaires des années 1930 comprennent rapidement l'intérêt de ce média qui permet de faire passer massivement des messages de propagande. Après la défaite, Radio Vichy et Radio Paris sont mises au service de la collaboration, à grands renforts de démagogie et d'antisémitisme. Pour les contrer, sur les ondes de la BBC à Londres, plusieurs émissions sont mises en place par les Français libres, animées par de jeunes journalistes qui innovent par leur ton novateur (sketchs, messages personnels, chansons, blagues...). C'est ainsi que Pierre Dac lance le slogan : « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». Rapidement, Radio Londres va également contribuer à faire passer des messages codés pour la Résistance. Sur le continent, les Allemands tentent de brouiller la radio, sans succès. Partout, on « bricole » des postes à galène pour pouvoir capter la voix de la France libre et des Alliés qui rendent compte à partir de 1942-1943, des revers des forces de l'Axe. Jean Marin, le Douarneniste Parmi les grandes voix de Radio Londres, on retrouve deux Bretons : le Douarneniste Jean Marin et le Trégorrois Charles-Marie Guillois. Né en 1904 dans la cité penn-sardin, Yves Morvan, plus connu sous son pseudonyme de Jean Marin, a passé quelques années dans la Marine, avant de devenir correspondant de presse à Londres en 1935. Mobilisé sur place et versé dans la mission d'information franco-britannique, il est détaché au service français de la BBC. Il est présent lors de l'enregistrement de l'appel du 18 juin et, impressionné par la personnalité de de Gaulle, décide de s'engager à ses côtés. Dès le 19 juin 1940, il anime une émission afin de « porter dans les demeures françaises les paroles de vérité ». En 1944, il est présent dans la deuxième division blindée du général Leclerc qui libère Paris, avant d'être chargé par de Gaulle du redémarrage de Radio Rennes. Il s'investit également dans la presse régionale. Après la guerre, Jean Marin devient directeur de l'Agence France Presse, puis son président en 1957, après avoir contribué au statut d'autonomie de l'AFP, garant d'un journalisme indépendant. Guillois, le bretonnant de la BBC Originaire de Penvénan, Charles-Marie Guillois rejoint l'Angleterre depuis Brest, le 16 juin 1940, à bord des navires de la Marine qui tentent d'échapper à l'avance allemande en Bretagne. Il a d'ailleurs failli mourir sur le Vauquois, coulé par une mine dérivant. À Londres, Jean Marin le remarque alors qu'il est en train de discuter en breton avec un groupe d'engagés des FFL. Jean Marin l'embauche pour les émissions en langue bretonne et en profite pour rassurer sa famille restée au pays. « Me zo Koko deus Porzh Gwenn » (« C'est moi Koko de Porsguen »), lance-t-il sur les ondes de la BBC, notamment pour sa mère qui le croyait mort sur le Vauquois. Pendant plusieurs mois, Charles-Marie Guillois anime des émissions en langue bretonne pour inviter les hommes valides à continuer le combat et à rejoindre l'Angleterre. L'emploi du breton a une indéniable efficacité psychologique pour convaincre de nombreux marins de traverser la Manche. Les Bretons formeront ainsi près de 40 % des effectifs des Forces navales françaises libres. Sans compter les maquis qui se développent dans la péninsule à partir de 1943. Après la guerre, Charles-Marie Guillois rappellera au général de Gaulle et aux autorités de la République que la langue bretonne, qui avait été aussi mobilisée dans le combat contre les nazis, méritait des mesures de protection. Il rédige une lettre au président de la République. Mais son message, cette fois, ne sera pas entendu. Pour en savoir plus « Radio Londres - 1940-1944 - Les voix de la liberté », Aurélie Luneau, éditions Librairie Académique Perrin, 2005. « Résistance et conscience bretonne », Jean-Jacques Monnier, Yoran Embanner, 2008. « Toute l'Histoire de Bretagne », Collectif, Skol Vreizh, 2012. En complément Le Musée de la Résistance à Saint-Marcel Aujourd'hui encore, malgré leur quiétude apparente, les bois et les collines de Saint-Marcel, dans le Morbihan, en lisière des landes de Lanvaux, conservent le souvenir des durs combats qui éclatèrent en juin 1944. En prévision de l'opération Overlord, plusieurs dizaines de parachutistes SAS avaient, en effet, été envoyés en Bretagne, afin d'organiser les maquis et de fixer les troupes allemandes pour qu'elles ne puissent pas renforcer le front de Normandie. Le plus important d'entre eux se constituera à Saint-Marcel. Des milliers de résistants vont s'y rendre et s'y armer. De violents conflits les opposent aux Allemands. Après la guerre, un monument est élevé puis, en 1979, un premier musée est installé dans la mairie. Mais, face à l'afflux des visiteurs, il se révèle trop petit et la décision est prise d'en construire un nouveau sur le lieu des combats. Il est inauguré en 1984. Visite pédagogique et didactique Une collection privée d'objets de la Seconde Guerre mondiale a permis de constituer le noyau d'un fonds muséographique qui continue toujours de s'enrichir. Le scénario du musée a été écrit par Jacqueline Sainclivier et Christian Bougeard, deux universitaires spécialistes de la période. La visite qu'ils ont imaginée est très pédagogique et didactique. Elle ne se cantonne pas à l'évocation des combats de Saint-Marcel, mais permet d'évoquer la vie quotidienne sous l'Occupation en Bretagne. On peut, par exemple, s'asseoir dans la tourelle d'un bombardier pour assister au bombardement de Lorient ou déambuler dans une rue avec ses magasins rationnés et des affiches d'époque. D'autres espaces présentent la presse de l'époque, des uniformes et des armes des différentes armées ou les activités de la Résistance. La Collaboration et la Déportation sont également évoquées. Deux salles sont enfin consacrées aux parachutistes français SAS qui, avant la Bretagne, s'étaient illustrés en Afrique du Nord. À l'extérieur, les visiteurs peuvent découvrir des reconstitutions des fortifications du mur de l'Atlantique et des véhicules d'époque. Le musée comporte également un fonds documentaire accessible sur rendez-vous et une salle d'exposition temporaire. Contact Musée de la Résistance bretonne, Les Hardys Béhelec, 56140 Saint-Marcel. 02.97.75.16.90.